Nos ressentis


Ici, nous écrivons ce que nous avons ressenti durant notre deuil. 

Cela fait du bien de savoir qu’on n’est pas la seule à ressentir/penser cela. 

Peut-être cela permettra-t-il à d’autres de comprendre ce qui se passe en nous…

D'autres témoignages et explications concernant ces ressentis dans l'onglet concernant les sites Internet.

"Lors du contrôle, 4 jours auparavant, tout allait bien. La veille au soir, tout semblait aller bien. Lors de la mise en route du travail, la nuit, tout semblait normal. Lors de notre arrivée aux urgences, tout paraissait en ordre... Ils ont même fait passer une dame de 40 SA avant nous... Et pourtant... 

Ce jour qui devait être un des plus beaux de notre vie est devenu le pire d'entre eux.

A 38SA, avec 2 cm d'ouverture de col, on nous a annoncé que le coeur de notre petite ne battait plus. La première chose que j'ai dite plusieurs fois et sur tous les tons était : " Ce n'est pas possible." . (Vous saviez que c'était possible de perdre un bébé à ce stade ? Pas moi... J'aurais préféré l'apprendre autrement...)

J'aurais voulu qu'on la sorte, qu'on la sauve ! On était dans un hôpital après tout !

Après un moment de déconnexion totale avec mes émotions, les larmes sont venues et la folie. Le désespoir et la douleur.

Ma fille était si douce, si belle. Elle me manque. 

Où est-elle à présent ?"

" Une semaine avant, tout allait bien et ce rendez-vous à terme n'était qu'un contrôle alors pourquoi faire venir mon mari pendant ses heures de travail pour entendre : " Tout va bien." ? 

Je suis tombée des nues quand délicatement le gynécologue m'a dit que son petit coeur ne battait plus. J'avais pourtant l'impression de la sentir encore bouger le matin même. Je pensais même à une mauvaise blague. 

J'ai prévenu mon mari pour qu'il me rejoigne, c'était si difficile de lui annoncer par téléphone, comment trouver les mots quand soi-même on ne comprend pas. 

Après une autre vérification, on a pris la décision de déclencher le travail ce soir-là, j'avais besoin qu'elle sorte, c'était comme un dernier espoir de la sauver. On est loin des séries avec leurs codes rouges ! 

C'est si difficile d'avoir rendez-vous pour accoucher de son bébé déjà mort, comment accepter la douleur de l'accouchement quand la douleur psychologique est trop forte? Quand on sait que le début est en fait la fin ? Heureusement, les sages-femmes et mon mari ont été comme un phare pour moi, je pense que je me serais laissée mourir de désespoir et de douleur. 

On nous a dit qu'elle était belle, et c'était si vrai ! Elle ressemblait tellement à ses frères ! "

"C'était du désespoir que je ressentais quand je me levais et que je me rendais compte que le cauchemar, c'était le quotidien et qu'il n'y avait pas moyen de se réveiller... Le désespoir quand chaque matin, je me rendais compte qu'une nouvelle journée allait se passer sans elle..."

Au début, c'est comme si la vie s'était arrêtée pour nous alors que l'on voyait qu'elle continuait tout autour. A ce moment-là, on se demandait comment on allait faire pour supporter la perte impensable, inconcevable de notre fille tant aimée. Et puis les jours passaient et on était encore là... 

Le temps ne diminue pas l'absence mais nous permet d'apprendre à (sur)vivre avec...

Quand je suis rentrée à la maison, tout me semblait tellement vide, il fallait organiser ses funérailles mais qui pense à ça pendant la grossesse ? On s'est plongé dedans, comme un cadeau pour elle. Ça nous a tenus une semaine.

Puis le quotidien a repris mais sans elle, il devait être bien différent et finalement, rien ne semblait changer. On l'attendait, on ne l'attend plus sauf nous. 

On voit la vie différemment. Au début, on est perdu. Pourquoi y-a-t-il autant de sortes de papier toilette ? Ensuite, on apprend à revivre petit à petit mais jamais comme avant. 

« Quand c’est arrivé, tout s’est effondré… et moi avec. Je n’étais plus qu’un tas de ruines. Petit à petit, j’ai ramassé les pierres pour me reconstruire, ce qui explique qu’on n’est plus les mêmes. On ne le sera plus jamais. »

"Lorsque j'ai perdu ma fille, je ne savais plus qui j'étais. Je ne pouvais plus compter sur ma mémoire et mon estime personnelle était proche de zéro. J'avais l'impression que je n'étais plus capable de rien... 

Et deux ans après, tous ces ressentis sont toujours présents, même si, parfois, ils s'atténuent."


 
"Pendant plusieurs mois, je n'ai su faire que le strict nécessaire. Me lever, m'occuper de mon ainé, du ménage et penser/m'occuper de Léa, ma petite partie trop tôt. Je ne savais faire aucun loisir. Ni regarder la télé ni lire. J'avais peur de tomber dans la dépendance de médicaments ou d'autres moyens de fuite face à cette réalité trop dure. Mais en vérité, quelques mois plus tard, la reprise de la lecture m'a aidée à survivre."
"Pendant longtemps, j'ai eu l'impression de tomber dans le vide, dans un puits sans fond..."

« Je me sens incomplète. J’ai l’impression d’avoir un trou dans la poitrine. J’ai le besoin viscéral de serrer ma fille dans mes bras. Pourtant je sais bien que ce n’est plus possible… Et que je ne serai plus jamais complète… C’est dans ces moments-là qu’il est difficile de ne pas sombrer. »


Ce deuil, c’est être à terre puis se mettre à genou… et se prendre une baffe, retourner à terre… Puis recommencer. Encore et encore. Arriver à se tenir debout… pour retomber… puis se relever et tout recommencer. Faire son deuil, ça demande beaucoup d’énergie.”

"J'ai l'impression d'être dans des sables mouvants, d'être obligée de m'agiter pour ne pas être aspirée par le désespoir. Parfois, j'ai juste envie de m'allonger et de dormir pour ne plus penser, ne plus me battre."



Parfois, j'ai l'impression que ça va et, de façon inattendue, un souvenir, un détail, un endroit, une phrase, une odeur... me font m'effondrer." 

« Quand je suis avertie d’une naissance, je me sens mal. Je ne peux m’empêcher de pleurer. Même si ma seconde fille est née en bonne santé. Chaque accouchement, chaque récit d’accouchement… Ils me rappellent la perte de ma fille et le désespoir, l’effondrement qui a suivi, le combat de chaque jour pour vivre malgré ce qui est arrivé et l'épuisement qui en découle. »


"Quand je vois cet enfant qui est né presque jour pour jour à la même date que ma fille, c'est compliqué. Je ne peux m'empêcher de voir tout ce qu'elle serait capable de faire, tout ce que j'aurais pu partager avec elle si elle avait vécu. La maman de cet enfant, ça aurait pu être moi."

"Quand je vois un nouveau-né, c’est comme si je me prenais une gifle en pleine figure et un coup à la poitrine. L’émotion me submerge et j’ai juste envie de pleurer…"





"Parfois, je croise des enfants du même âge et je me rends compte qu'ils tiennent assis, marchent, parlent ... grandissent, alors que je vois toujours ma fille comme un nouveau-né. La réalité me rattrape."

"J'ai peur qu'on l'oublie. Elle est importante, elle a sa place dans la famille. 

    La date de sa naissance a de l'importance, elle mérite qu'on pense à elle."

On ne cesse de me dire : "Ce n'est pas votre faute." . Et pourtant, je me sens coupable. J'aurai dû sentir que quelque chose n'allait pas, j'aurai dû sentir que son cœur s'était arrêté... 

Je suis sa maman, c'était à moi de la protéger... 

A chaque fête de famille, c’est difficile car elle n’est pas là… Le mois de son anniversaire est un mois compliqué où la déprime guette, où la tristesse est encore plus présente, où les mauvais souvenirs remontent, où son absence se fait encore plus insupportable..."